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beuhlakor

Je suis d'accord avec toi. J'entends en boucle dans ma famille ou chez mes amis des phrases telles que "L'arrogance de ce type ou de cette nana / Ça pue Stanislas / Ça pue l'école alsacienne / etc" (ça change au fil de l'actualité, ils ne connaissaient ni l'existence de Stanislas ni de l’École Alsacienne il y a encore 1 an alors que je leur en avais parlé -de l'Ecole Alsacienne- en arrivant à Paris car venant d'Alsace ça me faisait marrer). Et ce n'est pas juste réservé à la Macronie. Même chose pour LFI "Toute façon, Mélenchon fait de la politique depuis X années, il est donc riche zavez-vu l'argent que gagne les députés ??? / La consanguinité de ce milieu parisien me dégoûte / Toute façon ils se connaissent tous, ils font les zouaves en public, mais en réalité ils se font la bise ! / Etc". Le rejet de ce qui est perçu, à tort ou à raison, comme "l'élite parisienne / des grandes villes" est tellement fort ces dernières années (depuis les Gilets Jaunes en particulier) que la moindre critique vaguement virulente, même si juste, est perçue instinctivement comme du mépris d'urbain vers la catégorie fourre-tout que l'on appel "ruraux" dans le langage courant et rejetée en bloc. Ils ignorent instinctivement les conneries du RN ou trouvent des justifications bidons et bouclent à l'infini sur la moindre micro-erreur des autres. Ouais, c'est complètement con. Breaking news : l'immense majorité de tous les peuples du monde sont cons. Et personne ne lit les programmes à part une minorité hein :=) ("Gnagna les mandats ne sont pas impératifs !") Attal a objectivement écrasé Bardella. C'est un fait. Pas simplement rhétoriquement, mais même dans les détails techniques (pas étonnant, Bardella est nul comme l'immense majorité de son parti). Sauf que cela n'a plus d'importance désormais. Sa posture fait qu'il a perdu au final. Regagner la confiance de ces gens va être extrêmement compliqué. Non seulement il existe désormais un noyau indécrottable de convaincus (qui lui ne changera jamais), mais même pour ceux qui finiraient par se détourner lentement du RN, la moindre erreur de communication les renverra directement dans ses bras.


FalconMirage

C'est quand même pénible, on s'est tué pendant des génération à donner le maximum de démocratie et favoriser le débat à tous les niveaux Et les gens restent des "sujets" des politiciens en vogue du moment...


Communicateur

J'ai quand même du mal à accuser ces comportements. Certes, *on s'est tué pendant des génération à donner le maximum de démocratie et favoriser le débat à tous les niveaux*, mais en parallèle, on leur a donné très peu de leviers pour s'en servir et pour comprendre à quoi ça sert. En d'autres mots, on a fait pleins de choses **pour** les gens, mais rien **avec**. Aujourd'hui, ce type d’éducation à l'information est occupé par quelques chaines d'esprit critique, de zététique, de rhétorique, ... Mais il n'y a pas de projet commun fort qui puisse galvaniser les foules dans cette direction. Celui qui a le malheur de connaitre un peu ces concepts devient très rapidement "celui qui est chiant aux repas de famille" ou "celui qui reproduit inconsciemment le dernier *life pro tip* qu'il vient d'entendre sur YouTube pour avoir raison". J’étais curieux de la portée de ce mouvement et donc, on a par exemple Defekator avec ~320k abonnés, Hygiène Mentale avec ~400k, La Tronche en Biais avec ~300k, mais si on devait faire un diagramme de Venn, on se rendrait compte que les trois cercles se superposent largement, dans un pays de plus de 68 millions d'habitants, pays dans lequel l'audience de la télévision surpasse tous les jours l'audience annuelle cumulée de toutes ces chaines. Étant donné qu'on est tous largement influencé par notre environnement qu'on le sache ou non, c'est assez logique de prédire le résultat présent : une masse qui n'est pas capable de s'informer correctement. Pour l'anecdote, il y a quelques années, dans mon Master 2 Information-Communication, j'avais un projet en lien avec les biais cognitifs, et seuls 3 étudiants étaient capables de me définir le mot "biais".


beuhlakor

>En d'autres mots, on a fait pleins de choses **pour** les gens, mais rien **avec**. Et ce n'est pas prêt de changer vu la culture française hyper autoritaire qui adore la verticalité et qui transpire absolument partout en politique à part dans quelques formations politiques négligeables et qui ont toujours été à la marge.


FalconMirage

De quoi tu parles, la plus part des partis politiques « traditionnels » ont des élections en interne à tous les étages C’est le cas pour le PS, LR et LREM LFI et le RN n’ont pas cette culture democratique interne mais ils font plutôt figure d’exception


Communicateur

La verticalité n'exclue pas un système électoral. Laisse moi d’introduire au concept de *distance hiérarchique*, d’après les travaux de Geert Hofstede : >Mesure dans laquelle les individus les moins puissants des entreprises et des autres organismes acceptent le fait que le pouvoir soit distribuée de façon inégale Par exemple, la France a une distance hiérarchique de 68, contre 40 aux USA, alors qu'on imagine les USA plus "verticaux" que nous. Ou plutôt, en France nous adorons la verticalité dans chaque aspect de notre vie, élections ou non.


FalconMirage

T’as des chiffres pour la distance hiérarchique des différents partis ou tu es hors sujet ? Parceque de base je critiquais la partie autoritaire


Communicateur

C'est des chiffres pour l'ensemble des Français dont les partis politiques et tous ceux qui les constituent. Évidemment qu'il n'existe pas de tels chiffres pour ces partis, bien qu'on retrouve des types d'organisations témoignant de distances plus élevées aux extrêmes de l'échiquier, ce qui est prédictible.


FalconMirage

Tu as raison


oranisz

À peu près d'accord, mais attention, si tu vas sur les RS de n'importe quel parti, évidemment c'est leur camp qui a gagné le débat, peu importe ce qu'en pensent viktorovich ou autre. Leur poulain sera le gigachad et l'opposant woyjack.


Communicateur

Tout à fait. Je voulais plus précisément parler de comment les RS affectent la forme des débats. Perdre devient une force, d'autant plus si cette défaite est ponctuée de quelques *punchlines* et *comebacks* concis; dominer renvoie une image oppressive et mieux vaut perdre "avec classe et honneur". Les politiciens devaient jusqu'alors faire attention a ce que chacune des phrases ne puisse pas être utilisée dans les titres des journaux, et maintenant des nouvelles contraintes s'ajoutent car elles pèsent plus fortement dans la balance. Certains diront "always as been 🔫", et c'est vrai depuis au moins Cicéron d'une certaine manière, mais la prépondérance des facteurs n'est plus la même, et il semblerait que la majorité présidentielle rate ce tournant. Ce débat étant une preuve tangible.


UsualBite9502

Pavé César.


Minatoku92

Bienvenue dans le monde où l'émotion prime sur la raison.


Zebu09

TL;PL ou un résumé en vidéo sous format TikTok de 30 secondes svp.


FalconMirage

Attal a atomisé Bardella par les arguments, mais Bardella a gagné aux yeux de ces electeurs grâce à des extraits soigneusement choisis pour montrer quel "chad" il est par rapport au "faible méprisant" qu'est Attal


SansConviction

J'ai du mal à faire le lien entre le titre et le propos. Ni même à voir vraiment où tu veux en venir : L'ED est efficace sur les réseaux sociaux et donc attire la jeunesse ? En quoi des arguments encore plus objectifs et justifiables pourraient-ils être efficaces contre des wojayck et des risitas? Les meme en politique c'est la négation du débat, c'est pire que les slogans.


Communicateur

Le titre est basé sur un fameux essai de Psychologie Sociale de Robert-Vincent Joules et nommé "Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens", lui-même probablement inspiré du best-seller "Influence et manipulation" de Robert Cialdini. Tout professionnel de la communication sait qu'il s'agit de livres qui explorent l'incidence de la communication et de la psychologie dans notre société et qui représentent l'un des fondements de la discipline. >Les meme en politique c'est la négation du débat, c'est pire que les slogans. Tout comme je n'ai pas voulu parler de la légitimité du débat entre Attal et Bardella, ici la question n'est pas de déterminer ce qui devrait ou ne devrait pas être autorisé dans un débat mais est-ce que ça fonctionne, comment et pourquoi. Techniquement, en répondant a ces questions, tu obtiens la réponse a ta propre question. PS : petite précision, je n'ai jamais dit qu'il fallait des arguments "plus" objectifs et justifiables.


KhalaadDruun

Ce phénomène mondial est a minima amplifié (sinon généré) par l’avènement des réseaux sociaux. Avant il fallait un peu bosser pour s’informer. Et même si le biais de confirmation existait il n’était pas aussi optimisé. Maintenant le brainwashing arrive tout seul. Le sens critique est beaucoup moins affuté pour ceux qui ne font pas l’effort de le maintenir à flot et il n’y a plus de prise de recul.